Hulot sonde l'après-campagne avant d'y aller ou pas

Publié le par Victor

Par Alain AUFFRAY
Libération, mardi 2 janvier 2007
Tandis qu'on se bouscule pour signer son pacte, du fond de la retraite qu'il s'est imposée Nicolas Hulot pèse le pour et le contre de sa candidature à l'élection présidentielle. En principe, sa décision devrait être annoncée d'ici la mi-janvier, le temps d'analyser les réponses des candidats déclarés à son interpellation sur la crise écologique. Nicolas Sarkozy a remis sa copie la veille de Noël. Celle de Ségolène Royal n'est toujours pas arrivée. En attendant, la Fondation Nicolas Hulot précise sur son site Internet que, entre le 7 novembre et le 31 décembre 2006, 425 832 citoyens ont signé le fameux «pacte écologique» qui liste les propositions pour combattre le réchauffement climatique. Et pour achever de stresser la classe politique, la très forte popularité de Hulot est confirmée par sa présence, aux côtés de Zidane et de Noah, dans le trio de tête des personnalités préférées des Français (Top 50 Ifop - Journal du Dimanche ). Hier, dans un entretien au quotidien la Provence, l'agitateur écolo répète qu'il espère ne pas être contraint de se porter candidat. Ce n'est que dans l'hypothèse où «les politiques ne prendraient pas leurs responsabilités» qu'il se résignerait à «opérer des transgressions». 
«Nouvel espace».  «Il est partagé, comme nous le sommes tous dans son entourage», témoigne Jean-Paul Besset, ancien journaliste qui, à toutes fins utiles, recueille déjà les parrainages nécessaires. De fait, le débat sur l'opportunité d'une candidature Hulot fait rage dans la mouvance écolo, tout particulièrement sur le forum de discussion du site pacte-ecologique-2007.org. «N'y va pas !» s'exclame par exemple un internaute pour qui la force du pacte est de créer «un nouvel espace entre la vie politique traditionnelle et la société civile». En cas de candidature, cette force de proposition ne serait plus qu' «un feu de paille». Les militants associatifs purs et durs supplient l'animateur d'Ushuaïa de rester fidèle à la vocation des ONG : interpeller avec des propositions qui seront «récupérées» par un maximum de candidats.
Mais cette exigence de neutralité est de plus en plus contestée. Un internaute se définissant comme «adhérent d'un parti écolo» fait valoir que les autres candidats écologistes (Voynet, Lepage) ne pèseront pas lourd et que l'urgence est par conséquent de faire l' «union sacrée autour du candidat qui sera le plus écouté». 
Risque. Sensible aux arguments de ceux qui le pressent d' «y aller», Hulot ne peut pas se déclarer avant d'avoir défini précisément sa stratégie au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle. En écrasant Voynet, il a conscience qu'il risque de plonger les Verts dans une crise dont ils ne se remettraient pas. Or Hulot ne veut surtout pas que son engagement empêche l'élection de militants écologistes dans la future Assemblée nationale. Pour Dany Cohn-Bendit, «Hulot doit, s'il se présente, expliquer ce qu'il veut faire après. S'il veut que les Verts aient un groupe parlementaire, il faut, d'une manière ou d'une autre, qu'il devienne leur candidat». 
Hulot, ex-conseiller de Chirac et candidat des Verts ? Ce scénario n'a aucune chance d'être accepté dans un parti qui, à l'occasion de son récent congrès à Bordeaux, vient de réaffirmer son ancrage à gauche. Pour bien se démarquer d'un rival qui prétend s'affranchir du clivage gauche-droite, la candidate Dominique Voynet répétait hier, sur son site de campagne, qu'il n'était pas question que les Verts «s'en tiennent à leur métier d'écologistes, laissant à d'autres les questions sociales». 
Pas d'issue avec les Verts donc, mais pas non plus d'issue sans les Verts... Pour sortir de l'impasse, plusieurs partisans d'une candidature Hulot suggèrent qu'elle s'accompagne d'une «refondation» de l'écologie politique. Certains élus Verts, comme le député européen et ancien secrétaire national, Jean-Luc Bennahmias, la prônent ouvertement.
 
L'idée de constituer un groupe parlementaire composé de «députés transpolitiques», labellisée par Nicolas Hulot, est en débat sur le forum de la fondation. Composé d'élus issus des Verts, mais aussi d'autres mouvements comme Cap 21 de Corinne Lepage, ce groupe aurait une mission toute trouvée : contrôler l'application du fameux «pacte écologique».

Publié dans Présidentielles 2007

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