Les Verts tentent de conjurer la menace de leur disparition au lendemain du 22 avril
Créditée de 1 à 1,5% d'intentions de vote, la candidate sait qu'elle joue l'avenir de son parti et la crédibilité des idées écologistes à gauche. Dans ses derniers meetings, elle n'a cessé d'appeler les électeurs à ne pas "l'abandonner". Mais elle peine à convaincre. "C'est une campagne difficile", répètent ses proches. MmeVoynet l'avoue et les dirigeants du parti aussi : "On a eu parfois le sentiment que c'était un boulet, cette campagne. J'en ai mal au ventre d'entendre la façon dont on culpabilise les électeurs sur leur vote", constate Cécile Duflot, secrétaire nationale. "Les Verts suscitent un désamour complet", se désole leur porte-parole Yann Wehrling.
Après le retrait de NicolasHulot, Mme Voynet n'a pas réussi à convaincre que sa candidature était la mieux à même de porter l'"urgence écologique" décrétée par l'animateur de télévision. Un fonctionnement procédurier, des querelles sans fin, un message politique changeant selon les majorités internes… l'image des Verts s'était déjà brouillée. Les dizaines de déplacements et réunions publiques effectués par la candidate n'y ont rien changé : l'ancienne ministre de l'environnement a tenu, de l'avis de nombreux militants, un discours trop raisonnable et technicien.
PAS SANS ELLE
"Voynet a inventé la seule campagne où elle doit d'abord convaincre son propre parti", remarque Sergio Coronado, ancien porte-parole. Certains cadres estiment qu'un quart des électeurs écologistes de 2002 (où Noël Mamère avait obtenu 5,3% des voix) vont "voter utile", un autre pour José Bové… Il reste peu à Mme Voynet. 3%, espèrent ses proches qui assurent que les sondages ne correspondent pas au poids réel des Verts.
Alors la candidate argumente à l'envi pourquoi les Verts sont "indispensables". "Je ne crois pas une seconde qu'on puisse faire de l'écologie avec ceux qui nous ont emmenés là où on en est aujourd'hui! On ne peut le faire sans les écolos", a-t-elle analysé. Et de mettre en garde : "On vous demande de vous rallier corps et âme dès le premier tour à un programme dont on ne connaît pas bien les contours", citant les "flous" de Ségolène Royal sur les sujets chers aux écologistes.
Elle a relevé le "danger" d'un score trop faible pour les échéances électorales suivantes. "Qui peut imaginer que le PS, qui aurait constaté la disparition des Verts à la présidentielle, leur donnerait des sièges aux législatives!", a insisté Mme Voynet, précisant : "Si nous sommes laminés, il n'y aura pas de groupe parlementaire". Le message est clair : elle "veut que la gauche gagne" mais pas sans elle.