Génération Ecologie poursuit son attaque contre les Verts

Publié le par Victor

Contrairement aux partis classiques qui ont cultivé l'union, les écologistes ont multiplié les chapelles et miné leur avenir.
Les Verts ont achevé l'écologie politique
Par Michel VILLENEUVE
QUOTIDIEN : mercredi 14 mars 2007
Michel Villeneuve porte-parole de Génération Ecologie
Dominique Voynet à 2 % dans les sondages plus Corinne Lepage à 0,5 %, cela ne fait pas les 11 % d'intentions de vote de Nicolas Hulot. Le compte n'y est pas ; l'écologie politique est donc en complète déconfiture. Dire que les Verts ont tué l'écologie politique est certainement excessif, mais dire qu'ils sont en train de l'achever est probablement très proche de la réalité.
 
En fait, cette longue descente aux enfers depuis le score jamais égalé (11 %) de l'entente des écologistes de 1993, qui associait Génération Ecologie et les Verts, vient d'une vaste incompréhension de la politique par ceux qui n'étaient en fait que des associatifs ou des trotskistes-maoïstes sectaires. Ce que demandent les électeurs aux militants et dirigeants politiques, c'est d'être les acteurs d'un parti dans lequel les différentes tendances cohabitent et qui, malgré les oppositions idéologiques ou personnelles, soutiennent un candidat unique lorsqu'il s'agit de la présidentielle ou des candidats unis lorsqu'il s'agit des législatives. La désignation de Ségolène Royal dans le camp socialiste et celui de Nicolas Sarkozy dans le camp des libéraux en sont les exemples types.
Or, pour le leader ou le militant écologiste, c'est le contraire. Pour eux, les idées, les chapelles et leurs gourous sont prioritaires sur l'union. Leurs idées ne supportent pas la moindre altération ni le moindre compromis. C'est à l'électeur de s'adapter à la vérité révélée de l'écologie, et pas l'inverse.
 
Les partis politiques classiques n'ont eu de cesse de se regrouper (les socialistes ont pris sous leur aile le PSU rocardien, les chevènementistes, le Parti radical de gauche, etc.) tandis que le RPR a regroupé dans l'UMP pas mal d'anciens partis alliés comme DL, les radicaux valoisiens, le CNI, etc. L'UMP aurait complété son tableau de chasse si elle n'avait pas eu l'ambition de «descendre» Bayrou et l'UDF, et si elle n'avait pas rejeté certains écologistes comme des pestiférés.
 
Dans le camp des écologistes, la stratégie fut complètement différente. Il s'agissait d'abattre son concurrent dans l'espoir de récupérer ses cadres, ses militants et surtout ses électeurs. Cette lutte au couteau qui a duré près de quinze ans (depuis 1993) a laminé, au fil des ans, l'écologie politique. La première victime expiatoire, mais aussi partiellement consentante, fut Génération Ecologie de Brice Lalonde qui, en 1996, devançait encore tous les autres dans les sondages. Chacun a cru pouvoir s'attribuer sa dépouille. Si les Verts ont fini par récupérer Mamère et ses partisans, le MEI de Weachter de même que Cap21 de Corinne Lepage, ils n'ont rien récupéré de GE. Ceux qui ont déserté GE sont allés directement grossir les rangs des partis traditionnels, comme Patrice Hernu et ses amis, ou bien ont abandonné le combat écologique, écoeurés par ces méthodes féodales.
 
Au final, l'écologie politique y a perdu son âme et probablement son avenir. La leçon a-t-elle porté ses fruits ? Je ne le crois pas. A la différence de France Gamerre (actuelle présidente de GE) qui demande une vaste union des écologistes dans un seul camp, celui de l'écologie, la plupart des autres leaders continuent à ignorer les autres écologistes ­ comme le pratique allégrement Dominique Voynet dans sa campagne. L'interview de Jean-Luc Benhamias dans le mensuel le Ravi est éloquente sur ce sujet. Les Verts en sont réduits à se chercher des héros providentiels, comme Daniel Cohn-Bendit en 1999 ou Nicolas Hulot. Héros providentiels d'autant plus intéressants pour eux que, à l'instar de Corinne Lepage qu'ils font monter sur toutes leurs estrades, ils ne possèdent ni élus ni candidats implantés capables de leur faire de la concurrence lors des élections législatives ou locales.
Cette stratégie consistant à ignorer les autres écologistes pour les néantiser n'a fait qu'une seule victime : l'écologie politique. Le jour où les écologistes auront enfin compris qu'il faut construire un grand parti capable de répondre aux attentes des 15 % à 20 % d'électeurs potentiels de l'écologie, ils auront fait un grand pas en avant. Mais ce grand parti doit obligatoirement passer par des alliances et des accords, et non par la stratégie des «diktats» ou de la «terre brûlée» qui a finalement perdu les plus grands stratèges, comme notre cher Napoléon.


http://www.liberation.fr/rebonds/240690.FR.php

Publié dans Présidentielles 2007

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