Mme Voynet et M. Cochet se déchirent, les Verts attendent la fumée blanche

Publié le par Victor

LE MONDE | 02.06.06 | 14h20  •  Mis à jour le 02.06.06 | 14h20


La rupture semble consommée. Alors que les quelque 8 500 militants Verts continuaient, vendredi 2 juin, à attendre le nom qui sortira du dépouillement du vote de la primaire interne pour désigner leur candidat en 2007, Dominique Voynet et Yves Cochet se sont lancés dans une guerre de procédure. Arrivés au coude à coude à l'issue du deuxième tour - avec deux voix d'avance pour M. Cochet -, la sénatrice de Seine-Saint-Denis et le député de Paris se déchirent depuis deux jours autour du recomptage des bulletins de vote.

Les relations entre les deux anciens amis, la "gestionnaire" et le "Cassandre", se dégradent au fil des heures. Désormais leurs entrevues se déroulent devant témoins. Comme un vieux couple en guerre. Récit d'un psychodrame.

Mardi 30 mai, 14 heures. Au rendez-vous donné pour l'annonce des résultats, des dizaines de journalistes et de caméras de télévisions sont présents. Une ambiance étrange règne à la "Chocolaterie", le local des Verts à Paris, où l'on voit passer les responsables du parti, la mine mi-effondrée, mi-amusée. "Ils sont ex-aequo...", glisse un membre de la direction. Mais le secrétaire national, Yann Wehrling, annonce que deux voix seulement séparent les concurrents. Aucun des deux ne se montre.

18 heures. Le collège exécutif se réunit pour organiser un deuxième comptage. Pas moins de neuf votes seront nécessaires pour fixer la forme acceptable de la croix qui coche le nom du candidat choisi. "Une croix en forme de X ou de signe plus", explique un scrutateur. Commence alors le pinaillage entre les équipes des deux rivaux sur la validité des bulletins. Sont ainsi exclus et soumis au conseil statutaire 150 bulletins où le nom est entouré, où figure une croix au trait accentué, où la case est noircie...

Les partisans de M. Cochet fulminent : "On avait accepté des règles de la commission électorale assez lâches pour respecter le choix des militants. Pas question de changer de méthode parce que Voynet n'a pas gagné !", râle Barbara Pompili, son assistante parlementaire.

20 heures, au Sénat. Les deux élus se rencontrent, seuls. Et se livrent à d'étranges tractations. Dominique Voynet accepte de se retirer à condition que la campagne soit menée à deux, que Cochet lui laisse la voie libre au congrès de novembre, qu'elle puisse placer quatre de ses amis dans des circonscriptions réservées par le PS pour les législatives et qu'elle ait des garanties d'être ministrable.

Le député de Paris accepte les deux dernières conditions mais refuse la co-campagne et d'abandonner le parti. Il veut gagner une majorité sur sa ligne "ultra-verte" et a même un nom pour le poste de secrétaire national, Christophe Porquier, conseiller municipal d'Amiens. La discussion se termine sur un total désaccord. Mme Voynet a trouvé son ami "très dur" ; M. Cochet, son ex-partenaire "particulièrement raide".

Mercredi 31 mai, 11 h 30, au Sénat. Yves Cochet a invité sa concurrente à une réunion, mais "avec témoins pour éviter le tête-à-tête". Yann Wehrling et Mireille Ferri, responsable des élections, sont de la partie. Un "ticket" est proposé avec "Yves" en candidat et "Dominique" en "super porte-parole". Refus de la sénatrice qui veut "aller au bout du dépouillement", selon un proche qui estime qu'elle est, cette fois-ci, en tête. Pendant ce temps, la commission électorale procède à une troisième vérification.

Mercredi après-midi. La direction des Verts cherche une issue à la crise. Yves Cochet, qui ne renonce pas à ce qu'il pense être sa victoire, propose une nouvelle rencontre, vendredi, mais restreinte aux entourages des deux candidats. "La première entrevue était trop formelle...", avoue un proche. En clair, certains points n'ont pu être rediscutés comme les postes et le congrès. La sénatrice répond qu'elle préfère que les deux juges de paix, M. Wehrling et Mme Ferri, soient présents... Des voix comme celles des députés Noël Mamère ou Martine Billard commencent à se faire entendre pour "arrêter le massacre". "Plus le temps passe, plus la haine est forte entre les deux camps", souligne Sergio Coronado, porte-parole.

Mercredi, 20 heures au téléphone. Le collège exécutif tient une conférence téléphonique. Par un vote très serré - "à la hache", selon un dirigeant -, il décide de "suspendre" le processus électoral, le temps que le conseil statutaire vérifie les bulletins litigieux. Une vérification "à l'aveugle", sans voir les noms des candidats et donc sans connaître le score final !

La direction rencontrera ensuite les deux adversaires - seulement mardi, "pour faire retomber la température", selon la porte-parole Cécile Duflot -, et tentera de trouver une solution à l'amiable. Huit jours après la date prévue, les Verts seront peut-être fixés.

Sylvia Zappi

Article paru dans l'édition du 03.06.06

Publié dans Présidentielles 2007

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