Les Verts divisés sur les raisons du score "lamentable" de Mme Voynet

Publié le par Victor

LE MONDE | 26.04.07 | 15h55

C'est la remise des Oscars au pays des Bisounours", lançait un militant Verts parisien. Le conseil national du parti écologiste, réuni mercredi 25 avril au Musée des arts et traditions populaires à Paris, avait tout du "faire semblant" : tous derrière la candidate mais l'esprit est déjà ailleurs. Au lendemain du premier tour de la présidentielle et du score "lamentable" de Dominique Voynet, les écologistes se sont efforcés de rester "calmes". Sans, cependant, réussir à étaler leurs visions différentes de l'écologie.

Tout a commencé avec un refrain unanimement entonné :"Dominique" a fait "ce qu'elle a pu". Face au vote utile, à un débat "caricaturé" par les médias, aux sondages qui l'ont "pilonnée", la candidate a réalisé, "avec pugnacité et courage", "la meilleure campagne possible", ont répété les différents chefs de courant.

Oscillant entre attitude bravache - "Je n'ai plus peur de rien et je n'ai même pas mal" - et la "satisfaction amère" d'avoir tenu malgré "les folles rumeurs de retrait", Mme Voynet a dit qu'elle "assumait". "On aurait pu être plus écolo, plus social, plus radical, je pense que les choses se seraient jouées à 0,2-0,3 % de plus ! C'est difficile de passer des messages complexes et mesurés", a-t-elle justifié.

"INITIATIVE CATHARTIQUE"

L'ex-ministre a aussi évoqué "les points faibles" des Verts que seraient le "petit nombre" des militants, la "faible capacité à réagir à la volatilité de l'opinion" et les liens "trop ténus avec les intellectuels, les syndicalistes, les jeunes, les diffuseurs d'opinion". Il faut, à ses yeux, un parti "plus large, plus ample, plus rapide" et "faire converger le maximum d'écolos connus ou pas connus".

Toute la question est de savoir ce qu'est ce "plus large". Les cadres Verts ont donné chacun leur vision, et telle une image subliminale, émergeaient les critiques sur la candidate. Noël Mamère s'est lancé le premier : "Pourquoi notre noyau dur, celui qui croit que nos idées priment sur les circonstances, a-t-il été réduit à cette portion congrue ? a-t-il demandé. Notre parti a un statut de fourmi alors que nos idées ont gagné dans la société."

"On doit cesser ce positionnement entre le PS et l'extrême gauche et aller autant vers le PS que l'UDF", a plaidé de son côté Stéphane Poli, proche d'Yves Cochet. "On ne s'adresse plus qu'aux écolos de gauche", a renchéri Maryse Arditi, une Verte historique. Le terrain est alors dégagé pour M. Cochet, député de Paris et challenger malheureux lors de la primaire verte. "On n'arrête pas d'accuser Hulot de nous avoir piqué notre électorat. Mais 253 sondages ont tous donné Dominique à 1 ou 2 % avant Hulot, pendant Hulot et après Hulot ! Nous avons mené une campagne attendue, sans surprise ni audace qui a facilité le vote utile. Il faut maintenant une refondation, une initiative cathartique rassemblant tous les écolos de Hulot jusqu'à certains amis de José Bové", a-t-il plaidé. Certains, dans les couloirs, évoquent Corinne Lepage, ou François Bayrou, mais sans l'avouer ouvertement.

Pour d'autres au contraire, la gauche demeure "leur" famille. Comme Yann Wehrling, porte-parole, qui souhaite une "refondation avec tous les écolos mais sans remise en cause de notre ancrage à gauche". Ou Cécile Duflot qui assène que "c'est à gauche que nous ferons triompher l'écologie". Toujours pragmatique, Denis Baupin, adjoint au maire de Paris, explique que "c'est parfois compliqué de travailler avec le PS et le PC mais cela n'a rien à voir avec l'opposition frontale de la droite !". La trêve n'a pas duré longtemps. La prochaine empoignade a en tout cas été fixée : une "AG extraordinaire" à l'automne pour tirer les bilans et parler avenir. Absent, le député européen Jean-Luc Bennahmias confie : "Je n'aime pas avoir raison dans l'échec."

Sylvia Zappi
Article paru dans l'édition du 27.04.07

Publié dans L'après-campagne

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